«I really need to shapeshift»
2022
Simili cuir, masque de plongée, sequins dorés, organza, protège-dents
J’ai envisagé ce costume en deux épaisseurs comme une expression de plusieurs idées :
- la première épaisseur, c’est une belle carapace, quelque chose de brillant, qui peut paraître comme un appareil de noblesse pour qui ne le porte pas : or, c’est davantage un outil-prison pour celui qui le porte, fonctionnant à la fois comme scaphandre social, n’autorisant que les contacts visuels tout en protégeant son porteur de l’extérieur, et comme camisole, restreignant les mouvements possibles aux seuls déplacements. C’est une sorte de mue, dont la finalité est d’être retirée, ce n’est que comme ça que le personnage qui la porte peut enfin espérer évoluer et se révéler au monde, être au monde.
- la seconde épaisseur est pensée comme étant l’inverse de la première : le porteur révélé et exposé devient un être translucide et n’apparaissant au yeux d’autrui que par ses gestes et les mouvements qu’il provoque. C’est un être perdu et désormais dénué de poids, qui, malgré sa métamorphose, ne parvient plus à être au monde. A trop vouloir sortir de la solitude qui l’oppressait, il en devient un élément composant.
Le costume donne lieu à une ultime transformation au cours de laquelle le porteur se sépare des bandelettes en organza, dans un acte plus ou moins tragique, entre écorchage et cérémonie de la douche : c’est sa dissolution complète dans l’ambiance.
D’une certaine manière, cette métamorphose en trois temps reprend la structure du monomythe : une situation initiale dans laquelle le protagoniste est poussé où se pousse lui-même au changement ; des péripéties, et enfin une situation finale dans laquelle le personnage finit par s’accepter, où se dissoudre dans ce qu’il tente de repousser depuis le début.